L’engagement environnemental des femmes autochtones du Nord circumpolaire : Le cas des femmes inuits et samis.
Des conséquences lourdes
Ce n’est pas une nouveauté, le pôle nord et le cercle Arctique sont touchés depuis de nombreuses années par les dérèglements climatiques et la pollution.
En plus de cette catastrophe aux nombreuses conséquences sur le climat mondial, les populations locales en pâtissent sur tous les points de vue.
Elles ne trouvent pas leur nourriture chez Carrefour ou autre temple de la surconsommation avec la facilité et l’opulence occidentales, mais vivent de la cueillette, de l’élevage de rennes, de la chasse et de la pêche. Cependant, ce style de vie est directement dépendant de la stabilité environnementale. En effet, nous constatons que le froid et la glace se forment à présent, très tard dans l’année, et de plus en plus tard au fil du temps…
S’ajoutent aux conséquences du déréglement climatique et de la fonte glaciaire, des polluants organiques et plastiques qui viennent envahir les eaux. Ce phénomène a des conséquences évidentes sur la santé publique : mais également sur la santé de leur économie, de leur culture, leur santé mentale et physique.
L’exemple des peuples inuits et samis
L’exposition des peuples autochtones et des communautés noires et métisses, aux charges environnementales, aux impacts des industriels, à la pollution et aux diverses contaminations sont nombreuses. Les minorités sont confrontées au racisme environnemental et au déni des gouvernements successifs concernant leur situation.
Si on prend l’exemple des peuples inuits et samis, et en observant leurs modes de vie à la loupe, on peut constater que le racisme environnemental est plus important auprès des femmes autochtones. Les femmes et les enfants étant toujours les plus vulnérables aux impacts climatiques ainsi qu’aux injustices sociales.
En conséquence de ces changements, il est possible d’observer que de plus en plus de cheffes de communautés s’engagent et se rassemblent afin de défendre leurs droits de disposer d’un environnement sain, de conserver leurs habitats, leurs cultures et leurs traditions. Ce nouveau mouvement social et engagé allie à la fois protection de l’environnement et protection des individus en situation de précarité : l’écoféminisme !
C’est un mouvement qui voit une connexion entre l’exploitation et la dégradation du monde naturel, et la subordination et l’oppression des femmes. Ce courant, dont le nom est apparu pour la première fois dans les années 1970, ne cesse de s’étendre. Il se considère comme anticapitaliste, anticolonialiste, et ontologique.
Mais qui sont ces femmes activistes et écoféministes ?
Ces mouvements sont constitués de jeunes femmes, entre 18 ans et 35 ans en moyenne, avec pour objectif de faire entendre leur voix et leurs causes. Les constats ne suffisent plus, leur survie en dépend.
L’écoféminisme prend des tournures d’activisme politique et pacifique. Ces femmes travaillent dans des organismes nationaux et internationaux, et vont élaborer des rapports pour le gouvernement afin d’avoir une place à la table des réflexions.
C’est le cas, par exemple, d’une pétition déposée en 2005 auprès de la commission interaméricaine des droits de l’Homme, pour défendre le droit au froid des Inuits.
https://ecosociete.org/livres/le-droit-au-froid
Pour opérer leur militantisme, un mouvement annexe a vu le jour : l’activisme par l’art, devenu “l’artivisme”.
Ce mouvement n’est ni nouveau ni propre à cette population, mais c’est le moyen d’expression qui a été choisi par ces femmes. Elles voient l’engagement et le militantisme comme des voies de guérison, et de réappropriation de leur culture et de leurs terres qui disparaissent.
Leurs démarches sont finalement nécessaires, ou naturelles. L’engagement pour l’environnement est ancré en elle et se transmet de génération en génération. C’est souvent le cas pour les populations vivant en communion avec la nature.
L’artivisme
Vidéo poème Kathy Jetnil-Kijiner & Aka Niviana
Vous pouvez retoruver d’autres exemples de combats de femmes autochtones ici : https://www.survivalinternational.fr/galeries/femmes
Affiche signée Suohpanterror
Quels sont les points forts de leur discours ?
Le premier concerne la nécessité urgente de ré-humaniser le changement climatique.
La figure phare du changement climatique dans ces territoires est l’ours polaire. S’il est vrai que ces animaux en souffrent, les populations autochtones inuites et samis en souffrent tout autant : les communautés autochtones sont en première ligne des conséquences environnementales.
Le deuxième point réside dans la volonté de repenser la relation à la terre. L’homme fait partie de l’écosystème, il n’en n’est pas le maillon fort. L’ère de l’anthropocène met au défi l’espèce humaine et ses capacités d’anticipation, de contrôle et de résilience sur les écosystèmes existants. En effet, l’accumulation de matériaux polluants (dégradation des sols, plastiques, particules de béton, aluminium, taux de nitrates, de phosphates, etc.), l’érosion de la biodiversité et bien sûr le changement climatique provoqué par les rejets massifs de gaz à effet de serre dans l’atmosphère resteront dans le futur comme notre signature. Il est temps de changer de paradigme !
En troisième point, il faut intégrer les populations autochtones dans les discussions contre les dérèglements climatiques : elles en souffrent, et ne sont ni écoutées, ni même entendues !
Pour finir, il faut lutter contre le “green washing” (argument marketing “éco-responsable“ mensonger de la part des entreprises) et le “green colonialism”.
Cette dernière notion détermine le fait d’exploiter les ressources d’un pays possédant des eaux ou des sols très riches, sans se préoccuper des conséquences environnementales.
Un exemple de green washing et de green colonialism identifié par une femme sami :
L’industrie forestière en Suède est en train de déforester ses terres pour traiter et fabriquer du papier-tissu (mouchoirs, papier toilette, etc.) avec l’argument commercial de l’utilisation d’une pâte à papier biologique.
https://www.greenpeace.fr/foret-boreale-bout-rouleau/
Nos habitudes de consommation entretiennent (ou non) les activités dévastatrices des grandes firmes multinationales. N’oublions pas que derrière chaque article acheté pour notre confort se cache, peut-être, une population menacée !