La genèse des pesticides

La genèse des pesticides

I- Origines

Depuis quand avons-nous recours à des produits chimiques ?

L’Homme, il y a des millénaires, s’est inspiré de la nature pour lutter contre les pestes qui ravagent les cultures vivrières. Dès la Grèce antique, le soufre et l’arsenic étaient connus pour leurs propriétés insecticides. Plusieurs plantes, comme le tabac ou les racines de Derris (en Inde), ont des propriétés insecticides. Ces usages et techniques se répandent en Europe à partir du XXème Siècle. En France, la fameuse bouillie bordelaise, composée de sulfate de cuivre et de chaux était un produit largement utilisé pour lutter contre les invasions fongiques dans la viticulture, mais également pour les plants de pommes de terre. Responsable d’une pollution durable au cuivre des sols de nos régions. Aujourd’hui cette technique est encore utilisée dans l’agriculture biologique mais dans des proportions adéquates.

Les pesticides de synthèse sont nés dans les années 1930, après la Première Guerre Mondiale. C’est pendant cette guerre que le développement de la chimie organique, avec les armes chimiques, est le plus important. Profitant ainsi au développement des produits phytosanitaires, en France, et partout dans le monde.

C’est après la Seconde Guerre Mondiale que les pesticides sont utilisés à grande échelle. La croissance démographique ayant augmenté rapidement, il fallait satisfaire la demande mondiale qui n’a cessé de croître jusqu’à nos jours.

En 1939, Miller redécouvre la molécule chimique DDT (organochloré) développée par Zeidler en 1874 et l’utilise en tant qu’insecticide. Dès 1940, et jusqu’en 1970, le DDT sera l’insecticide le plus utilisé au monde. Surfant sur le succès du DDT, de nombreuses multinationales telles que Bayer, Monsanto ou encore BASF commercialisent dès 1966 de nouveaux produits de synthèse, comme les SDHI ou l’IBS (fongicides). Dans les années 70, les pyréthrinoïdes vont remplacer progressivement le DDT sur le marché mondial. Ces derniers sont réputés moins toxiques pour la santé humaine. Le DDT souffre également d’une résistance  acquise par les insectes au fil des générations.

L’utilisation d’engrais artificiels, la multiplication des terrains agricoles et la commercialisation des pesticides ont permis à des pays, comme la France, d’augmenter ses rendements agricoles. Rapidement, les conséquences écologiques et sanitaires de ces méthodes de production ont conduit les pays à mettre en place des mesures visant à limiter les quantités et à contrôler la composition de certains produits.

II-La genèse des politiques de contrôle

Suite à plusieurs études alertant des conséquences environnementales et risques sanitaires, de nombreuses organisations prennent des dispositions :

  • En 1960, la communauté scientifique mondiale dénonce les impacts du DDT sur l’environnement, conduisant la Communauté économique européenne (CEE) à interdire son usage.
  • En 1975 l’OMS a mis en accès libre une classification des pesticides selon leurs risques sanitaires.

Depuis les années 1990 et suite à la commercialisation des néonicotinoïdes, les trois quarts des insectes volants ont disparu d’Europe de l’Ouest. Suite au constat de la perte de cette biodiversité, de nouvelles dispositions sont prises.

  • En 2007, de nombreuses agences internationales (OMS, l’AEE, …) se retrouvent aux Îles Féroé auprès de spécialistes de l’environnement, du développement et de la toxicologie, afin d’évaluer les risques d’une exposition prolongée aux pesticides sur le cerveau humain au cours de la période développement cérébrale. Ils en ont conclu par la  « déclaration des Îles Féroé” que l’exposition aux pesticides durant cette  période de vulnérabilité chez l’être humain provoquerait des déficits fonctionnels ainsi que des risques de maladies graves tout au long de sa vie. 
  • En 2009, le parlement Européen adopte la « DIRECTIVE 2009/128/CE » afin d’inciter les Etats membres à réduire l’utilisation de produits pesticides, en particulier dans les aires où la biodiversité y est sensible.
  • En 2013 l’INSERM établit une « présomption forte » de lien entre les pesticides et des maladies telles que Parkinson(1), trois cancers (prostate, lymphomes non hodgkiniens et des myélomes multiples). l’institut y ajoute en 2021, des risques de troubles cognitifs, de bronchopneumopathies chroniques obstructives et de bronchites chroniques.
  • En 2016,  la Commission européenne prolonge de 18 mois l’autorisation de commercialisation du glyphosate, en attendant une nouvelle étude de l’Agence européenne des produits chimiques.
  • En janvier 2017, la France met en place la loi Labbé. Une loi interdisant aux agents de la fonction publique d’utiliser des produits phytopharmaceutiques pour l’entretien des espaces verts, forêts publiques, promenades et voiries. En revanche, certains espaces ne sont pas concernés par cette loi, notamment les infrastructures de transport ainsi que les terrains de sport (non assimilables à un espace vert ou à une promenade). 
  • En 2018 la France applique l’article 51 de la loi sur la biodiversité votée le 24 juillet 2016, pour l’interdiction totale des substances néonicotinoïdes « tueurs d’abeilles ».
  • Le 9 avril 2019, la France met en place le plan Ecophyto II+ prévoyant une réduction de l’usage des produits phytosanitaires de 50% d’ici à 2025.
  • En 2019, dans Biological Conservation des scientifiques publient que près de 40% des populations d’insectes sont menacées d’extinction à travers le monde, causant ainsi un « effondrement catastrophique des écosystèmes naturels ».
  • Le 15 novembre 2021, le Conseil d’Etat Français oblige l’Etat à restreindre et à interdire l’usage des pesticides en zone Natura 2000 (13% du territoire) dans un délai de six mois.  

Notes:

(1) En 2012, le ministre de l’agriculture reconnaît un lien direct entre la maladie de Parkinson et les pesticides chez les agriculteurs.

Sitographie: 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pesticide#Historique 

https://lenvironnement.fr/dossiers/pesticides-et-environnement/quels-sont-les-pesticides-qui-posent-le-plus-de-problemes/ 

https://www.ouest-france.fr/environnement/pesticides/un-nouveau-rapport-vient-renforcer-les-liens-entre-l-exposition-aux-pesticides-et-six-maladies-8ddfcf3e-d99f-11eb-930c-e0f6a8bac66d 

https://www.sudouest.fr/2016/10/14/interdiction-des-pesticides-ou-en-est-la-loi-en-france-2531448-706.php?nic 

https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32009L0128 

https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/aude/carcassonne/agriculture-bientot-plus-de-pesticides-en-zone-natura-2000-2418349.html

Cartographie:

https://www.perspectives-agricoles.com/production-agricole-mondiale-comment-repondre-a-la-demande-alimentaire-croissante–@/view-3439-arvarticlepa.html

1 réflexion sur “La genèse des pesticides”

  1. Article très intéressant. Participation artistique à votre article, clin d’oeil à l’oeuvre de René Magritte “Ceci n’est pas une pomme”, la légende diffère cependant. Sous l’image d’un fruit ou d’un légume la liste exhaustive des produits phytosanitaires que contiennent pommes, fraises, pomme de terre … : ” Ceci est du Abamectine , Acequinocyl , Clofentézine , Etoxazole …” Découvrir la série : https://1011-art.blogspot.com/p/hommage-magritte.html
    Et en écho la série consacrée à la perte des abeilles : https://1011-art.blogspot.com/p/vous-etes-ici.html

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